Quelle histoire se cache derrière votre nom de scène ?
Mon nom de scène évoque mon côté Yin et Yang. Lava fait référence à mon énergie explosive. Stratosphère parle de mon côté lyrique et de la grâce que je peux avoir notamment au niveau des mains et des bras, acquise grâce à la danse indienne.
Quelle est votre histoire avec la danse ?
Je me demande si ma passion de la danse n’est pas née in-utero car ma mère était professeure de modern jazz à Nice et a continué à danser jusqu’à la fin de sa grossesse ! Mon père, quant à lui, était professeur d’arts martiaux. J’ai passé mon enfance à courir de compétitions en entraînements dans ces deux disciplines. Je pratiquais aussi la danse classique, la danse africaine et le hip hop. Depuis très jeune, j’étais intransigeante avec moi-même, toujours à vouloir donner le meilleur. À l’adolescence, j’ai senti que je devais arrêter la compétition pour me découvrir en dehors de toute comparaison aux autres. À quatorze ans, mes parents, qui tenaient à ce que je réussisse des études générales, m’ont inscrite dans un lycée privé assez élitiste dans lequel j’ai passé un baccalauréat section scientifique. Suivant le mouvement de mes camarades de classe, j’ai bien failli m’inscrire en médecine jusqu’à ce que ma petite voix intérieure me rappelle in extremis que je voulais être danseuse, depuis toujours. Alors j’ai intégré l’école d’artiste interprète EPSEDANSE à Montpellier. Là-bas, mon évolution a été fulgurante : je me suis imprégnée d’autres styles, d’autres méthodes, j’ai travaillé les subtilités d’interprétation… C’était les plus belles années de ma vie. Je dansais du matin au soir et profitais d’une liberté toute nouvelle. C’est aussi là que je suis vraiment tombée amoureuse de la danse contemporaine et que j’en ai saisi toute la beauté et tout le potentiel narratif. Elle est selon moi le moyen d’expression corporelle ultime. Suite à ces années d’études, j’ai eu un énorme coup de cœur pour la compagnie de danse contemporaine israélienne Batsheva Dance Company. J’ai passé toutes les auditions pour intégrer cette troupe et j’ai dansé en Israël avec eux à de multiples reprises mais nos chemins se sont finalement éloignés et ils m’ont laissée avec cette phrase : « You have to find your craziness ». Avec le recul, je trouve ça très drôle moi qui suis une Crazy Girl !
De retour à Nice, plusieurs personnes m’ont conseillée de tenter ma chance au Crazy Horse. Je trouvais cette compagnie fantastique mais très loin de moi, voire intouchable. Au même moment, j’ai rencontré mon conjoint et lui aussi m’y a poussée… J’ai passé l’audition sans aucune attente et j’ai été prise tout de suite.
Est-ce que la danse contemporaine vous sert sur la scène du Crazy Horse ?
Oui tous les jours. Dans les autres danses, tout est très codifié. Dans la danse contemporaine, c’est la libération du corps. On intègre la technique mais on s’en affranchit totalement pour soutenir une histoire et trouver sa propre expression. C’est grâce à la danse contemporaine que j’ai trouvé un sens dans ma danse. J’ai compris qu’il y avait un langage dans le mouvement, et qu’en étant dans un état de présence, on pouvait diffuser de l’énergie au-delà du corps pour aspirer la scène. Toute cette approche me sert beaucoup au Crazy Horse car on est là pour casser les codes et aller au-delà de la technique pour libérer l’essence de la danse, et de la femme.
Quelle perception avez-vous de votre corps ?
Plus jeune, il était pour moi un moyen d’interprétation et un outil de performance. En danse contemporaine, je le ressentais assexué. Quand l’idée du Crazy Horse s’est présentée, je ne pensais pas du tout que mon corps pouvait avoir un impact en termes de sensualité ou de séduction sur scène. Aujourd’hui je suis aussi professeure de yoga et je suis à un tout autre stade de la vision de mon corps. Je le considère comme le vaisseau qui transcende l’âme. Et cela prend sens avec l’aspect artistique… Parfois sur scène, on sent que quelque chose nous dépasse totalement, on sent comme un élan de justesse, de magie, comme si l’âme transmettait quelque chose à travers le corps, c’est impalpable et magnifique… et c’est grâce à notre corps.
Qu’avez-vous appris sur vous-même en devenant danseuse du Crazy Horse ?
En devenant danseuse au Crazy Horse, j’ai appris à découvrir mon panel de féminités. Les numéros sont tous différents, parfois très profonds, sensuels, d’autres fois langoureux ou encore sauvages, avec une puissance érotique viscérale, et il faut utiliser toutes nos émotions de femme pour nous les approprier.
Que représente pour vous le tableau Upside Down créé par le célèbre chorégraphe Philippe Découflé ?
Upside Down est comme un conte extraordinaire dans lequel les danseuses flottent dans l’espace. Il joue sur la perception de manière extrêmement poétique. Le sol n’existe pas, ou peut-être est-il une surface liquide ou un miroir… Les danseuses sont comme des chimères narcissiques qui apparaissent et disparaissent, dédoublées, transformées, insaisissables. C’est celui où mon imaginaire s’emballe le plus.
Découvrez Lava Stratosphère en vidéo :
Photos : Thomas Helard, Mark Davies
Vidéo : Paul-Henri Pesquet