Quelle histoire se cache derrière votre nom de scène ?
Il y a deux significations à mon nom de scène. Aqua Marine renvoie à la couleur particulière de mes yeux. Et en anglais, « aquamarine » signifie « aigue-marine », qui est la pierre précieuse officielle du Colorado aux Etats-Unis, l’état d’où je viens.
Quelle est votre histoire avec la danse ?
Je suis née au Colorado, aux Etats-Unis. J’ai commencé à danser vers l’âge de trois ans en suivant les pas de ma sœur aînée qui est danseuse. J’ai tout de suite adoré. J’ai grandi dans l’univers des compétitions de danse jusqu’à mes 18 ans, puis je suis partie à Los Angeles pour en faire mon métier. C’est en dansant dans un spectacle de burlesque que j’ai été initiée à la danse de cabaret. Un soir alors que je me préparais dans les loges, une danseuse m’a regardée et m’a dit : « Tu dois auditionner pour le Crazy Horse ! ». À ce moment-là, je ne connaissais pas le cabaret, alors j’ai cherché en ligne, et par pur hasard, il y avait une audition à New York la semaine suivante. Les planètes semblaient s’aligner d’une façon complètement imprévue, alors j’ai décidé de tenter ma chance. J’ai pris un billet pour New York et je me suis rendue à l’audition. Tout s’est passé très vite. En un claquement de doigts, j’ai su que j’étais retenue pour intégrer la troupe et que ma vie allait changer. C’était totalement irréel, presque trop rapide pour que je réalise ce qu’il se passait. Trois mois plus tard, j’ai déménagé à Paris.
Qu’est-ce qui, selon vous, fait la magie du Crazy Horse depuis 70 ans ?
Ce qui rend le Crazy Horse si unique, c’est la manière dont le show couvre toutes les émotions que les femmes ont pu éprouver à un moment de leur vie. Pour moi, ce spectacle est un hommage aux femmes : il célèbre la féminité dans toute sa diversité et sa profondeur. Et chaque détail, des lumières au maquillage, est minutieusement conçu pour sublimer les danseuses et magnifier leurs émotions.
Quelle danseuse êtes-vous sur la scène du Crazy Horse ?
Je pense que ma formation en danse contemporaine joue un grand rôle dans ma manière d’interpréter les mouvements. J’ai une façon toute personnelle de prendre mon temps. J’étire chaque mouvement jusqu’à la dernière seconde, et je mets beaucoup d’intensité dans mon regard. En travaillant au Crazy Horse, j’ai compris que l’intensité de la présence scénique te porte plus loin que la simple performance physique. Beaucoup de gens dans le public ne remarqueront pas si un pied n’est pas parfaitement pointé ou si un mouvement est légèrement décalé. Ce qui compte, c’est d’être engagée dans l’histoire que tu racontes sur scène afin de transmettre du rêve et des émotions. C’est ça, le plus important.
Qu’avez-vous découvert sur vous-même depuis que vous êtes devenue une Crazy Girl ?
J’ai acquis une remarquable confiance en moi. Les danseuses du Crazy Horse sont tellement sûres d’elles que c’est contagieux ! Le fait de danser la même chorégraphie tous les soirs me permet de vraiment prendre confiance en ma performance et m’approprier la scène. Déménager seule à Paris a aussi été révélateur pour moi. Cela me prouve que je suis une femme déterminée, indépendante et accomplie, capable de franchir des océans pour poursuivre ses rêves.
Réalisez-vous qu’en devenant Crazy Girl, vous êtes devenue un fantasme international ?
C’est un peu fou d’y penser mais c’est vrai qu’en intégrant la troupe du Crazy Horse, les danseuses héritent de son aura particulière. On dit que les Crazy Girls incarnent la quintessence de la féminité. Certains jours, je réalise vraiment ce que ça représente, par exemple lorsque les gens prennent des photos de nous, je me dis que cette troupe a une notoriété vraiment spéciale.
Quel tableau du show Totally Crazy! vous émerveille le plus ?
Mon tableau préféré est Lay laser lay. Je ne le danse pas encore, mais c’est vraiment celui que je rêve de faire. La roue, la fumée, la lumière verte et les cheveux mouillés de la danseuse sont des choix artistiques affirmés qui rendent le numéro très puissant, à la fois sexy et émouvant… et incroyablement féminin. Il y a une intensité palpable dans ce personnage qui semble en position de vulnérabilité, mais qui reste fort, et ce contraste me fascine.
Photos : Paul-Henri Pesquet, Antoine Poupel