Dans le spectacle du Crazy Horse, chaque soir le merveilleux se marie au glamour. Mais derrière le show, la grâce et la féminité se cultivent avec un travail exigeant.
C’est la mission que porte avec passion Svetlana Konstantinova, directrice de scène et garante du mythe de la troupe des Crazy Girls depuis plus d’une décennie.
Svetlana Konstantinova, c’est une présence attentive et bienveillante qui œuvre dans l’ombre pour porter les Crazy Girls vers la lumière.
Quel est ton rôle au sein du Crazy Horse ?
Formée à la danse classique et à la scène depuis l’âge de 8 ans, j’ai intégré le management de la troupe du Crazy Horse en 2007. Je suis devenue show manager en 2009 et aujourd’hui je suis Directrice de Scène et de Production. Concrètement, je suis en charge de la troupe du Crazy Horse à Paris et en tournée, je garantis la qualité des spectacles soir après soir et j’assure la formation et les répétitions des Crazy Girls.
Qu’est-ce qui fait la particularité de ton travail ?
Au Crazy Horse, chaque spectacle est spécial et incomparable mais il se sert toujours du même langage chorégraphique, qui est propre à notre Maison et unique au monde. C’est la principale spécificité de nos shows. La cambrure, les jeux de lumières, les projections graphiques, les perruques au carré, les talons hauts et les bouches rouge écarlate, la taille spécifique de notre scène : autant d’éléments qui contribuent à créer la particularité de notre spectacle.
Les danseuses solistes sont différentes chaque soir, ce qui permet à toutes les Crazy Girls de progresser en permanence et de ne pas rentrer dans une « routine ». De plus, les numéros de groupe demandent une vraie réflexion par rapport à la taille et à la personnalité des danseuses : l’effet visuel doit être parfait. Pour me seconder, je nomme les capitaines, qui sont mes « bras droits » pendant le show : ce sont des danseuses avec de l’expérience, du caractère, qui ont le sens des responsabilités et de l’organisation.
Quel type de danseuse est une Crazy Girl ?
Pour moi, nos danseuses sont des artistes qui ne se limitent pas à effectuer une chorégraphie, mais qui soignent leur interprétation. Chaque Crazy Girl est différente, avec sa propre personnalité, et à quelque chose de spécial à offrir. C’est cela qui fait que la magie fonctionne ! Elle doit être capable de captiver seule le public, et cela passe par ce qu’exprime son corps mais aussi son état d’esprit. La Crazy Girl apporte et partage l’émotion et tout notre travail est tourné vers cela. D’ailleurs, les danseuses prennent aujourd’hui des cours de théâtre pour cultiver cette présence.
Quand elles laissent parler leurs sentiments, qu’elles les retravaillent et les offrent au public, on assiste à des moments forts en émotion et c’est ce que l’on recherche.
Devenir une Crazy Girl, c’est compliqué ?
L’audition est très courte (1 minute 30) et la candidate doit improviser sur une musique prise au hasard. Ce qui va faire la différence est tout à fait subtil : cela va être sa capacité à capter la lumière, ou un petit « je ne sais quoi » qui va illuminer l’audition, parfois juste pendant un court moment, mais qui montre tout son potentiel. Le fait d’avoir si peu de temps pour convaincre permet aussi d’évaluer comment la candidate va gérer son stress, ce qui est très important pour intégrer la troupe du Crazy Horse.
Comment se passe la formation, une fois passée l’audition ?
La discipline est assez draconienne car on vise l’excellence et la beauté de l’harmonie. Du bout des ongles jusqu’à la pointe des cheveux, chaque détail compte et contribue à créer cette vision de la féminité sublimée et assumée que le Crazy Horse met en scène chaque soir.
De plus, beaucoup de Crazy Girls viennent de la danse classique, et il s’agit de sortir de cette rigueur académique pour laisser s’exprimer les courbes et la sensualité. C’est donc un réel réapprentissage de la danse qu’il faut intégrer !
Le plus emblématique est le travail sur la cambrure, qui est l’une des signatures du Crazy Horse. Mais il faut également acquérir l’ « attitude Crazy » : sa présence devant le public, la démarche, le regard, etc. Cela peut prendre des années avant qu’une nouvelle recrue devienne une « vraie » Crazy Girl : une femme libre, forte et confiante.
Lorsque le Crazy Horse collabore avec les créateurs et invités, comment t’inscris-tu dans ce travail ?
Les créateurs apportent leurs idées, ils sont présents pendant les répétitions : nous passons beaucoup de temps ensemble. Ils deviennent d’ailleurs un peu comme une famille, ils font partie de la maison. Toute la collaboration se passe dans un esprit d’échange car il faut se faire rencontrer leur vision et celle du Crazy Horse, avec son langage et son image uniques au monde. Et dans cette perspective, je veille à ce que tout fonctionne parfaitement, avec une approche qui conjugue la mise en scène et la chorégraphie.
Quels sont tes conseils aux aspirantes Crazy Girls ?
Tout d’abord il faut avoir une vraie passion pour le métier, pour la scène.
La Crazy Girl continue toujours à travailler, à chercher et à progresser en étant artiste. Elle doit aimer se montrer sur une scène et avoir confiance en elle : cela demande du courage et une certaine ouverture d’esprit.
Bien sur, elle sait aussi prendre soin d’elle et cultiver sa beauté ! Mais le rêve doit aussi faire partie de sa vie : elle cherchera à les réaliser en se fixant des objectifs et en aimant de tout son cœur ce qu’elle fait.