Elvie Varsovie
Elvie Varsovie by Léon Prost
Sa peau est d’ivoire, son regard est d’azur, son allure est celle d’une fée. Sa voix est douce comme un nuage et ses mots sont comptés. Quand on lui pose une question, Elvie s’enveloppe de discrétion. Pour elle, seule la danse est un mode d’expression. C’est lorsque la scène s’illumine qu’elle lève son voile de mystère. Son corps est un virtuose du langage, son art fait voler ses silences en éclats. Devant la passion d’Elvie Varsovie, c’est vous qui resterez sans voix.
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“Quand je suis sur la scène du Crazy Horse, je n’ai plus peur de rien.”
Elvie Varsovie by Léon Prost
Elvie Varsovie by Léon Prost
“La danse me permet d'exprimer ce que je ne parviens pas à dire avec des mots.”
“Au Crazy Horse, chaque solo requiert une exploration de soi.”
Elvie Varsovie by Léon Prost

Quelle histoire se cache derrière votre nom de scène ? 

J’ai appris mon nom à cinq minutes de ma première sur scène ! J’avais trop le trac pour être attentive aux explications mais quand j’ai entendu « Elvie Varsovie », j’ai dit « oui » tout de suite ! Ce nom m’a touchée en plein cœur car il fait référence à mes origines polonaises, donc à ma famille, qui m’a toujours comprise et soutenue et qui est très importante pour moi.

 

Quelle est votre histoire avec la danse ?

Plus jeunes, mes deux parents étaient de grands sportifs : mon père était footballeur professionnel et ma mère une férue de danse. Il faut croire que cette passion du sport est ancrée dans mes gènes car dès petite, j’ai insisté pour pratiquer la danse classique. À l’âge de sept ans, je suis donc entrée au conservatoire de Lille puis j’ai suivi le cursus sport études au collège. Je dansais entre dix et quinze heures par semaine, et j’étais aux anges ! Mon professeur de danse a décelé chez moi les qualités nécessaires pour en faire mon métier alors mes parents m’ont laissée partir à Paris à quatorze ans pour intégrer le European Dance Center, qui est l’école de Jennifer Goubé, ancienne étoile de l’Opéra de Paris.

Là-bas, j’étais logée en foyer avec de nombreux autres artistes et athlètes en herbe. Nous partagions nos passions. C’était fabuleux pour moi mais c’était compliqué financièrement pour mes parents. C’est à ce moment que j’ai eu un coup de pouce de la vie : j’ai rencontré par le biais de mon école de danse une famille russo-américaine très fortunée qui a bien voulu m’héberger en échange de cours de français. J’ai ainsi pu rester à Paris jusqu’à mes 18 ans. Je me suis ensuite inscrite à l’Institut Stanlowa puis j’ai décroché mon premier contrat à l’Opéra de Paris pour Les Noces de Figaro. J’étais extrêmement fière d’être dans ce corps de ballet mais après deux ans, j’ai ressenti une frustration. J’avais quelque chose en moi qui brûlait et qui avait envie d’exploser. J’ai quitté l’Opéra de Paris pour le cabaret d’Orléans. Puis j’ai été retenue à l’audition du Crazy Horse. Je n’en reviens toujours pas. C’était un rêve pour moi.

 

Comment vous sentez-vous lorsque vous êtes sur la scène du Crazy Horse ?

Quand je suis sur la scène du Crazy Horse, je n’ai plus peur de rien. J’assume pleinement qui je suis, je n’ai plus aucune timidité – alors que dans la vie quotidienne, je suis très réservée. Au début, je me mettais beaucoup de pression pour me rapprocher de la perfection. Avec le temps, j’ai découvert différentes facettes de ma personnalité et j’ai appris à jouer avec mon interprétation sur scène. Au Crazy Horse, chaque solo requiert une exploration de soi. N’ayant que vingt-deux ans, le champ des possibles me paraît infini ; j’ai hâte de continuer ce voyage !

 

Qu’est-ce qui vous attire tant dans ce métier passion ?

La danse me permet d’exprimer par mon corps des choses que je ne veux pas, je ne peux pas ou je ne parviens pas à dire avec des mots. J’extériorise mes émotions seulement avec mon corps. Pour moi, la danse est à la fois un exutoire, un refuge et une thérapie. Quand je ne suis pas bien, je danse. C’est une forme d’expression qui m’est vitale.

 

Avez-vous un petit rituel personnel avant d’entrer en scène ?

J’envoie un message à ma mère avant chaque show, je sais que sa réponse me portera chance. Et je masse mes pieds ! Toujours !

 

Quelle différence voyez-vous entre une danseuse de cabaret et une Crazy Girl ?

La sincérité. En tant que danseuse de cabaret, on nous demande de répéter et de performer toujours de la même manière. Ce qui donne des shows un peu superficiels. Au Crazy Horse, on nous demande d’interpréter. Le Crazy Horse encourage l’expression individuelle. Ce qui fait qu’une intimité se crée pendant chaque spectacle car nous partageons nos émotions et notre personnalité avec le public, les yeux dans les yeux.

 

Avez-vous une anecdote à partager sur le Crazy Horse ?

Il n’y a pas longtemps, j’ai accidentellement envoyé ma perruque dans le public faisant un grand battement lors de mon improvisation dans le numéro Scanner ! Je ne m’en suis même pas rendu compte tout de suite. Le public ne voulait pas me la rendre ! C’était inattendu, mais finalement, c’est un évènement amusant dont je me souviendrai longtemps !

 

Quel tableau du show Totally Crazy! vous émerveille le plus ?

Mon tableau préféré, c’est Lay Laser Lay, je le trouve transcendant. Il porte un mélange de fragilité et de force que je trouve très émouvant. C’est difficile pour moi d’expliquer pourquoi, mais il me touche profondément.

 

Photos : Léon Prost