Quelle est l’origine de votre nom de scène ?
Dans la mythologie romaine, « Vénus » est la déesse de l’amour, de la beauté, de la séduction et de la mer.
Quelle est votre histoire avec la danse ?
J’ai commencé un peu par hasard. Ma mère m’a inscrite à l’âge de cinq ans dans un cours de danse classique parce que c’était à côté de la maison. Le spectacle de fin d’année a été un premier déclic : j’ai adoré être sur scène ! Petit à petit, la danse est devenue une passion et j’ai continué assidûment jusqu’au bac. Ensuite, j’ai choisi de passer le Diplôme d’Etat de professeur de danse tout en essayant d’intégrer des corps de ballet classiques. Mais c’est finalement le music-hall qui m’a choisie ! De propositions en propositions, j’ai enchaîné les contrats à l’étranger. Un jour, j’ai travaillé avec une ancienne Crazy Girl qui m’a certifié que j’avais tout ce qu’il fallait pour entrer dans la troupe du Crazy Horse, et me voici !
On rêve d’être une petite souris lors d’une audition pour le Crazy Horse, vous nous racontez la vôtre ?
A l’époque, en 2004, le Crazy Horse n’était pas aussi médiatisé qu’aujourd’hui et son image était floue pour moi. Je me suis présentée à l’audition sans trop savoir à quoi m’attendre. Pendant mon improvisation sur scène, j’ai disposé mes longs cheveux devant moi et je me suis demandée ce que je faisais là. Lorsque j’ai entendu Sofia Balma, alors en charge des spectacles, me dire « C’est ok ! Mais il faudra prendre trois kilos !« , je me suis dit qu’elle pouvait bien dire ce qu’elle voulait car je ne reviendrai jamais… Et dix-sept ans plus tard, je suis encore là ! En fait, l’équipe ayant compris que j’avais peur parce que je ne connaissais pas la maison, m’a rappelée et convaincue de voir le spectacle. Les trente premières secondes, devant la garde royale de l’ouverture, j’avoue que je n’ai vu que des seins et des fesses. Quelques instants plus tard, je ne voyais plus du tout la nudité et j’étais émerveillée. J’étais venue avec une amie qui a adoré et j’avais aussi besoin de cette approbation de la part d’un proche avant de m’engager.
Pourquoi dansez-vous au Crazy Horse depuis dix-sept ans ?
Cette scène, elle est inoubliable et difficile à quitter. Lorsque je pose le pied sur la scène du Crazy Horse, j’entre dans une autre dimension. Chaque soir, c’est un challenge : il faut donner quelque chose d’authentique et différent au public. Mon rêve de petite fille était d’être danseuse étoile mais je n’étais pas destinée à être danseuse classique : il fallait toujours que je rentre mes fesses et cache ma cambrure naturelle. Ici j’ai trouvé l’endroit auquel je corresponds. Je donne souvent ce conseil aux jeunes danseuses qui n’arrivent pas à intégrer la troupe du Crazy Horse : si ça bloque quelque part, c’est que ta place t’attend autre part.
En tant que femme et en tant que danseuse, quel est votre rapport à votre corps ?
Pendant de nombreuses années, j’étais très complexée alors en tant que femme, mon corps n’existait pas spécialement pour moi. En tant que danseuse, j’avoue l’avoir un peu maltraité. Je le considérais comme un outil de travail qui devait se plier à mes exigences. Avec la maturité, j’ai appris à l’aimer et aujourd’hui je pense que j’ai beaucoup de chance d’avoir ce corps.
Pourquoi les lumières du Crazy Horse sont-elles considérées comme la signature de la maison ?
Au Crazy Horse, il existe deux types de lumière : les lumières traditionnelles de théâtre et les projections lumineuses artistiques. Chaque numéro est une création lumineuse qui demande de nombreuses heures de répétition avec les techniciens qui ont chacun leur spécialité. Ce sont vraiment les jeux de lumière qui nous habillent pendant le spectacle et c’est ce qui fait la particularité de la maison. D’ailleurs, ce qui est amusant c’est d’observer que, lors des répétitions, si les projections lumineuses s’arrêtent quelques secondes, on se sent soudain toute nue !
Quel tableau du Crazy est cher à votre cœur ?
Je les interprète tous et je les aime tous ! Mais je vais choisir Take my Love ! C’est un numéro tonique, pétillant dans lequel la danseuse est recouverte de bulles de champagne lumineuses. Le playback nous permet de prendre quelqu’un à parti dans le public, tout en créant une complicité avec l’ensemble de la salle. C’est le tableau gai et festif par excellence, qui annonce le final du show. De plus, j’ai eu la chance de le travailler avec Patricia Folly aka Psykko Ticco qui l’a créé et qui est une danseuse emblématique du Crazy Horse. Cela a donné lieu à des échanges magiques entre nous, c’est aussi pourquoi il est cher à mon cœur.
Découvrez Vénus Océane en vidéo :
Photos : Esteban Wautier, Riccardo Tinelli, Ornella Piacentille
Video : Paul-Henri Pesquet