YUZU
AZENOR
Danseuse Yuzu Azenor by Emilie Messaoud
2011: le Japon est frappé de plein fouet par un tsunami dévastateur et la catastrophe nucléaire de Fukushima. Yuzu, seize ans, quitte alors Tokyo pour Paris. Loin de ses repères, de ses amis et de sa langue natale, tout son monde est à reconstruire. Depuis ses quatre ans, elle prépare avec rigueur sa carrière de danseuse professionnelle  à ce moment-là, ce n’est plus sa priorité. Yuzu doit entreprendre un long et difficile apprentissage : celui de s’intégrer à un nouveau pays avant de pouvoir de nouveau rêver d'intégrer une troupe, et pourquoi pas même la "so frenchy and legendary" troupe du Crazy Horse.
Danseuse Yuzu Azenor by Emilie Messaoud
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Nationalité
Franco-japonaise
Ma première au Crazy
6 Septembre 2018
Muse
Sylvie Guillem
Fleur préférée
Le camélia
Je ne peux pas résister à
Des donuts
“En France, j’ai appris à mettre mon âme dans la danse”
Yuzu Azenor By Pixelle Canon
Yuzu Azenor By Pixelle Canon
“Ce que j’aime plus que tout, c’est le langage du corps”
"J'ai la sensation d’avoir trouvé ma place"

Quelle histoire se cache derrière votre nom de scène ?

Je suis née d’une mère japonaise et d’un père français d’origine bretonne. Yuzu fait référence au citron japonais très parfumé et légèrement acidulé. Sa rareté en fait un produit très recherché ! Azenor est le prénom d’une princesse de légende bretonne : il signifie “honneur”.

 

Quelle est votre histoire avec la danse ?

Petite fille, j’étais débordante d’énergie et particulièrement souple. Un jour que je faisais le grand écart à la maison, mes parents décident de m’inscrire à la danse. J’ai commencé à quatre ans et je voulais déjà en faire ma vie. Ma famille et moi étions dévouées à construire ce rêve : je prenais des cours de danse tous les soirs, ce qui impliquait de longues heures de transports et une organisation millimétrée.

Mais mon arrivée en France à 16 ans a tout bouleversé. J’étais une adolescente fragilisée, perdue. Heureusement, j’ai rencontré à ce moment-là des professeures de danse qui m’ont apporté un immense soutien aussi bien psychologique que sportif. Grâce à leur accompagnement amical et bienveillant dans le quotidien comme lors des compétitions, j’ai repris confiance en moi et ai recommencé à croire en mes rêves.

En parallèle, j’étudiais la danse, la musique et le théâtre au lycée Jean de La Fontaine et au Conservatoire à Boulogne. C’est lors de cours d’histoire de la danse que j’ai découvert l’existence de la danse de cabaret et que j’ai commencé à y penser tout au fond de moi. Après le baccalauréat, j’ai enchainé avec une école de comédie musicale mais je me suis rendu compte que le fait de m’exprimer par la voix ne me correspondait pas. Ce que j’aime plus que tout, c’est le langage du corps : je me suis tournée vers ce genre d’auditions Malgré un parcours sérieux de danseuse, j’ai été chaque fois refusée car je manquais d’expérience professionnelle. Peu de temps après, j’ai eu la chance de réussir une audition privée au Crazy Horse. Ici, c’est le talent et le charisme qui priment sur l’expérience ou le diplôme professionnel. Cette ouverture d’esprit est unique je pense, dans le milieu de la danse. C’était il y a quatre ans et aujourd’hui enfin, j’ai la sensation d’avoir trouvé ma place.

 

As-tu constaté une différence entre Tokyo et Paris dans ton apprentissage de la danse classique ?

Au Japon, l’apprentissage est concentré sur la technique et les cours sont très – très – stricts. Il y a quelque chose de presque « mécanique ». Les danseuses ont un niveau très élevé et la compétition est rude. En France, l’approche est plus artistique. Ici, j’ai appris à mettre mon âme dans la danse.

 

Quelle femme êtes-vous lorsque vous êtes sur la scène du Crazy Horse ?

Une femme contradictoire ! Je me sens dominante, puissante, séductrice mais j’aime créer de la complicité avec le public en me servant de l’humour. Le numéro qui reflète le plus cette ambivalence selon moi, c’est Femme Fatale sur la chanson Je cherche un millionnaire. Le rôle dure à peine 15 secondes mais jouer cette femme mondaine à la fois lascive et si second degré : j’adore !

 

Peux-tu nous révéler un petit secret appris au contact de ces danseuses de renom ?

J’ai beaucoup appris techniquement et artistiquement grâce à des danseuses comme Fasty Wizz et Lumina Classika, qui sont des légendes ici. Par exemple, le mouvement tout simple de rassembler les jambes l’une contre l’autre en position debout doit être nuancé par un déhanché à peine perceptible et un regard particulier. C’est grâce à ces détails que le public ne voit pas « une femme qui se tient debout » mais « une femme sûre d’elle, aussi sensuelle qu’inaccessible, qui se tient debout… ».

 

Qu’est-ce qui fait la magie du Crazy Horse depuis 70 ans ?

Selon moi, c’est le respect et l’amour des danseuses pour le Crazy Horse qui lui confèrent sa magie. Lorsqu’on arrive ici, des danseuses mythiques plus expérimentées nous transmettent leur savoir avec passion. Les nouvelles recrues l’intègrent avec beaucoup de reconnaissance et de respect et c’est ainsi que perdure la magie du Crazy Horse, je pense.

 

Quel tableau du show Totally Crazy! vous émerveille le plus ?

Sans hésitation, U Turn Me On ! C’est le dernier tableau du spectacle Totally Crazy !. J’adore la musique, les costumes, la chorégraphie, l’ambiance et le fait d’être sur scène avec toutes les danseuses. Ce numéro est une explosion de joie, et de vie. C’est un grand moment de complicité, de bonheur partagé : on sent l’énergie circuler entre le public et nous.

 

Photos : Emilie Messaoud, Pixelle Canon