Tête-à-tête avec Andrée Deissenberg, directrice générale création & développement du Crazy Horse, à l’occasion de la Journée Internationale des droits des Femmes.
Depuis son arrivée au Crazy Horse en 2006, la Franco-Américaine a toujours tenu un discours et appuyé des actions féministes, même si, dit-elle, le terme peut « effrayer les hommes ». C’est un sujet qui lui tient à cœur et qui participe au renouveau perpétuel de cette belle institution qu’est le Crazy Horse.
Comment définiriez-vous la femme 2022 ?
La femme 2018 est pour moi un peu un mélange de toutes les icônes de Sex And The City avec en plus la force d’une Beyoncé et le glamour d’une Dita Von Teese: une femme forte qui a pris le contrôle, non pas sur les hommes mais sur sa propre vie. Une working girl, maman accomplie ou peut-être pas, une femme qui possède des failles et qui les assume. La femme 2022 ne brûle plus son soutien-gorge, elle s’en sert pour séduire, mais plus encore pour se plaire à elle-même.
Les Crazy Girls sont-elles un peu cette femme 2022 ?
Si les danseuses se ressemblent sur scène par un subtil jeu de lumière, dans la vie elles sont toutes différentes. Elles viennent de pays différents, de cultures différentes. Elles sont comme la femme 2022: complexes et décomplexées, libres et multi-facettes. Ce sont des femmes fortes qui peuvent avoir des fragilités, choisir de les montrer ou pas. Comme nous, en somme…
Quelles sont les valeurs de féminité véhiculées par la Crazy Girl ?
Dans les années 40, les danseuses burlesques bravaient des tabous en se mettant « à nu ». Elles ne le faisaient pas pour plaire à des hommes, elles le faisaient pour le plaisir de la scène. C’était un acte de défiance.Aujourd’hui c’est différent. Les artistes du Crazy, que ce soit nos Crazy Girls ou par exemple notre « Crazy Entertainer » Lolly Wish, continuent de s’inscrire comme des femmes modernes, sur la scène et dans leur vie.Elles ont envie de se sentir sublimées sur cette scène mythique, devant un public composé autant (et peut être plus) de femmes que d’hommes.
Croyez-vous que les femmes peuvent se retrouver dans cette représentation ?
Comme je vous disais, aujourd’hui plus de la moitié de notre public est féminin. En sortant du spectacle, elles ressortent heureuses, fières d’être des femmes. Les corps sont beaux et la nudité s’oublie. Même si la femme n’est pas forcément une show-girl qui se met en scène avec les lumières du Crazy, le spectacle les transporte ailleurs, leur donne confiance. Elles sont comme portées vers le haut. Le Crazy a un savoir-faire de spectacle qui valorise, sublime, au service de l’esthétisme et de l’art. Chaque femme le ressent, dans le public ou sur scène.