Dans l'ombre, pour la lumière

Ils œuvrent dans l’ombre pour habiller de lumière les Crazy Girls. Nous avons rencontré le régisseur général du cabaret, en charge également de la direction technique : il nous dévoile tous les secrets de son métier et nous raconte à sa manière la sublime osmose de l’éclairage et du show.

Comment le travail de la lumière a-t-il évolué au Crazy Horse ?

Ayant œuvré pendant 15 ans en tant que régisseur lumière au sein de ce cabaret, l’approche de la lumière a à présent beaucoup changé dans le spectacle.

C’est la technologie en premier lieu qui a permis d’envisager une manière différente de travailler. En effet, au départ, la lumière était « figée », avec des trames graphiques éclairées, ou encore des diapos, les projections ont évolué passant de la technique du moirage avec un projecteur de type PIGI, vers de la vidéo projection qui apporte beaucoup plus de vie et une âme à l’éclairage.

Les animations vidéo sont omniprésentes dans le spectacle sur le corps de la danseuse, alliant technique de mapping et de tracking vidéo. Mais ces nouvelles technologies ne sauraient se substituer, à l’essence de nos numéros qui sont tous basés sur un savant mélange d’ombres et de lumières, le but étant de sublimer les courbes et formes de nos danseuses.

L’importance de la lumière est fondamentale au Crazy Horse, pouvez-vous nous en dire plus ?

L’évolution de la technologie est importante, mais aussi respecter ce qui fait l’ADN du Crazy Horse. Nous suivons toujours quelques « règles d’or » mises en place par le fondateur du Crazy Horse, Alain Bernardin : pas de contre-plongée ni d’éclairage en douche, qui « écrasent » les corps des danseuses mais au contraire des éclairages latéraux ou des « foot lights » qui rehaussent les silhouettes et les mettent en valeur. La lumière est découpée au millimètre près pour accentuer certaines parties du corps, et bien sûr pour mettre en œuvre la délicatesse et la précision des tableaux : chacun est une œuvre visuelle dans laquelle la lumière est centrale, l’erreur est inenvisageable.

Comment abordez-vous la conception lumière pour les tableaux, et notamment lors des collaborations artistiques ? 

Entre conseil et expertise, mon rôle m’amène en effet à collaborer avec des artistes et metteurs en scène prestigieux, venus du monde entier. Entre leur vision du tableau et la faisabilité technique, il s’agit de trouver un juste milieu. Un cahier des charges avec un storyboard est alors nécessaire, pour échanger ensuite et trouver la meilleure manière de réaliser l’habillage lumière du tableau. C’est bien sûr plus compliqué pour un tableau qui comporte de nombreux effets. Pour certains tableaux, la complexité réside dans la présence de vidéos, projetées au centre et sur les côtés de la scène : il s’agit donc de limiter l’éclairage de face afin de ne pas occulter les projections, tout en appliquant un angle d’éclairage très précis qui forcera le galbe d’une silhouette ou apportera une certaine brillance sur certaines parties du corps.  En ce qui nous concerne, l’ombre n’est pas opposée à la lumière, mais vient la compléter !

Quelles sont les particularités de votre travail au Crazy Horse ?

Les changements sont très rapides entre deux tableaux : les techniciens ont entre 30 et 50 secondes pour les effectuer ! Cela induit une certaine pression, mais l’équipe est très pro et nous n’avons eu que peu d’incidents. Un jour, un des régisseurs a dû rester sur scène : il n’avait plus le temps  de la quitter car le rideau s’ouvrait…il est resté caché derrière un élément de décoration pendant tout le tableau ! Le public n’en a rien su mais pour nous c’était stressant, puis cet incident est devenu un joli souvenir !

J’ai assuré la régie lumière sur plus de 12 000 spectacles : je suis heureux et fier de contribuer à la qualité et l’excellence des shows, pour que chaque soir la magie reste intacte.

Venez admirer le travail de nos Hommes de l’ombre tous les soirs à 20h00 et 22h30 dans le spectacle Totally Crazy!