24 ans de collaboration, quelle belle performance ! Racontez-nous vos débuts au Crazy Horse
Le Crazy Horse travaillait à l’époque avec le célèbre perruquier Poulain, qui avait cessé son activité. Sophie Bernardin cherchait donc un successeur, je me suis présenté, tout simplement.
La première demande de Sophie Bernardin était de concevoir des perruques avec coupe carrée lisse de plusieurs couleurs, 15 au total. Il faut savoir que les perruques sont en fibre synthétiques teintées dans la masse, et que le choix des couleurs est limité. Et lorsqu’on teint les perruques une fois réalisées, les couleurs s’estompent rapidement au lavage. Mais j’ai réussi à honorer la commande car les perruques n’étaient prévues pour être portées uniquement pour la réalisation du DVD « Taboo », et non sur scène.
Le jour du tournage, Sophie Bernardin s’est exclamée que mes perruques étaient « à tomber » et qu’il fallait absolument que les Crazy Girls puissent les porter lors des shows. C’était un challenge ! Pour le relever, j’ai conçu une nouvelle fibre avec mon fabricant, qui pouvait être teintée dans la masse…et j’ai pu réaliser les perruques demandées.
Comment vous êtes-vous approprié le carré iconique du Crazy Horse ?
Ah ce carré…vous savez que dans mon salon on me demande la « coupe Crazy » ? Il s’agit bien plus que d’un carré, c’est une véritable signature, une marque. Graphiquement, on l’associe instantanément au Crazy Horse sans même que le nom du cabaret y soit apposé. Il s’agit donc de s’inscrire, avec cette perruque mythique, dans l’ADN et les valeurs du Crazy Horse. Tout est parfaitement maîtrisé et porteur d’une vision de la femme aussi sublime que décomplexée au Crazy Horse, et avec les perruques que je réalise, je participe à la belle identité du cabaret.
Les longueurs, les couleurs, la frange, la géométrie du « carré Crazy » sont presque parfaitement immuables, j’exécute ce cahier des charges avec rigueur, précision et passion. Parfois, le carré prend des libertés, comme pour le tableau « Glamazones » : cette perruque bleu, à la frange bombée et à la nuque courte, fait elle aussi partie des codes du Crazy Horse.
En-dehors du Crazy Horse, comment déclinez-vous votre art de la perruque ?
Une de mes grandes fiertés est d’avoir réalisé les 126 perruques d’une revue de Zizi Jeanmaire au Casino de Paris, avec des costumes d’Yves Saint-Laurent. J’ai d’ailleurs retravaillé pour lui ensuite, en confectionnant des perruques années 50, que le célèbre créateur a trouvées « divines ». J’ai également réalisé toutes les perruques pour l’exposition consacrée à sa muse, Betty Catroux, qui se tient actuellement au musée Yves Saint-Laurent. Je fais également des perruques d’époque, un peu à la Marie-Antoinette, avec 35 centimètres de hauteur !
Mais mes perruques sont également portées par des femmes qui, à cause de la maladie, ont perdu leurs cheveux. Je suis membre de la fondation EREEL, qui, avec son action Souffle de Violette, accompagne les femmes touchées par le cancer. Un engagement que j’honore, comme le Crazy Horse d’ailleurs, avec passion.